Catia Ramalho

"Pourquoi toutes ces nuits contre d'autres corps? C'est que c'est insupportable." Catia Ramalho

mardi, décembre 14, 2010

L'Etreinte.

Il faut que la mort m'étreigne
Et chante la douleur.
Il faut qu'elle parcoure les champs d'avoine
et passe la main calleuse dans la blondeur de ta chevelure.
Il faut que la mort se perde dans le brun profond d'un visage d'enfant,
se perde dans la chevelure,
à nouveau, d'un sexe méridional
il faut qu'à l'heure du soleil endormi et de la lune montante,
nous soyons un cercle de feu et de chants rauques enchantant le défilé d'entre les roches du désert.

mardi, novembre 30, 2010

Préambule Au poème Ikebana et Trilogie ainsi qu'à l'ensemble du travail de ce blog.

La construction d'un poème érotique répond à de nombreux impératifs à commencer par le respect dû au modèle qui est à l'origine du texte mais aussi à celui dû au lecteur. L'écrivant se doit de rechercher une perfection parfois difficile à trouver. Ce blog et en particulier les deux poèmes concernés et déjà cités dans le titre en sont le vivant exemple.

"Le respect porté aux autres rejaillit sur soi,
si l'on nie le sacré dans l'autre, on nie le sacré en soi."

Raymond Johnson  (Psychiatre et psychanalyste Africain)

dimanche, novembre 21, 2010

IKEBANA



L' Étendue est nue
Silhouette des joncs flexibles
Ombre des roses

*

La rose pourpre
L'épine saigne le sexe
Un ventre frémit

*

Une caresse
Les feuilles éparpillées
Grand repos du corps.

© cazalschristian2010  photo  feelonia

samedi, novembre 20, 2010

L'Erotisme est une souffrance



C'est la souffrance de l'homme en croix, qui, du fond d'une cellule pestilentielle se traîne dans ses excréments et pourtant trouve la jouissance dans le sacrifice, dans l'ulcération de ses plaies, les membres suppurent et les tumeurs ne se referment pas.
C'est la souffrance de celles qui giflées, battues de verges, violées, griffées, le sexe découvert, saignant, hurlantes de douleur, c'est Prométhée enchaîné sur un rocher, le foie rongée pour servir de pitance à l'aigle impérial.
C'est la femme voilée cachée aux yeux de tous et soufrant l'enfermement. Elle jouit du plaisir donné à l'homme et au Dieu qui l'accompagne. Éros et Thanatos  (personnification masculine de la mort). C'est le fils de Nyx (la Nuit ) et le frère d'Hypnos le Sommeil.
Éros, l'amour personnifié, charnel, correspond au Cupidon latin, dieu du désir. Il est né du Chaos primitif en même temps que Gaia (la Terre)Erèbe et Nyx la (Nuit).

"La Psychanalyse moderne associe la notion d'amour à celle de la mort, en constituant un couple: Éros et Thanatos."

dimanche, novembre 07, 2010

TRILOGIE

TRILOGIE




Un sexe
Trois femmes
pensa t-elle.

Souvenir des nuits tropicales dans la ville surchauffée.

Cité de tous les excès.

Il ne savait plus où donner de la tête
ne savait plus où laisser aller son sexe
tige en majesté luisante du parfum sauvage
de bois brisé
de terre mouillée

 « Terra Incognita ».

*


Se souvenait des mots

les mots chantés
les mots roucoulés
la gorge déployée
la douleur aussi.

Se souvenait des mots
voluptueuse emprise d'une acmé orgasmique proche du délire .

L'écran des cils...

elle l'apercevait nu, bandé,
la baie vitré de l'appartement laissant passer la luminosité pâle d'un ciel d'hiver.
grondement sourd de la rue principale
une pluie fine, des rafales de vent qu'elle devinait glacées.

L'intimité du cocon, berceau de leurs pensées et de leurs corps en jouissance

la fit se retourner dans l'amas luxueux de la pourpre du tissu soyeux,
elle laissa son corps vivre l'intense et s'offrit à son regard,
les fesses en tabernacle,

emportée dans une caresse lente qu'il prenait plaisir à prolonger en explorant la chair sensible et douce des formes rondes de ses lombes

une débauche de gestes savants
une danse apprise et souvent répétée.

La journée serait éternelle.
Sur la porte de l'immense living, accrochée à la poignée extérieure:

DON'T  DISTURB.





2


Les ongles griffent
et la chair délicate rougeoie
sous un feu alimenté de mots d'amour de plaintes et de prières
de claquements précis et vigoureux
de pincements choisis sur les lieux du corps les plus sensibles.
Soudain une friction douce calme l'ardeur des deux.
  ELLE et LUI. Les surprend dans une pose extatique
sur la couche bouleversée.

*

Un long soupir,
des larmes
une plainte qui n'en finit plus,
s'éteint, 
et c'est un chant libéré,
ça vient de très loin,
du centre du corps.
Une jouissance sans fin.

Ils resteront étendus jusqu'à la fin du jour.
Sexe et coeur entrelacés.











© cazalschristian 2010  photos  feelonia

lundi, octobre 11, 2010

Corps gisant à Mykonos. Crime en haute mer.

L'écume blanche immaculée
et les filaments de bave jaune irisés de larmes sanguinolentes le corps sans vie de la rose échouée,
lacérée, ouverte dans l'acharnement amoureux,
suppliciée en haute mer,
écartèlement des membres abandonnés,
plaques violacées tissus martyrisés senteurs des algues marines dispersées.
Les pétales dispersés sont les ailes d'un ange sombre.
Une étrange musique sur le rythme du ressac le sang mêlé au liquide nacré des jouissances antérieures.
Le soleil inonde la plage, illumine la rose flétrie.

jeudi, septembre 09, 2010

Au corps de ...


La nuit lui convenait,
Une nuit musquée
De rut échevelé,
De soupirs,
Enchantée

De plaintes


Et du bruissements des draps de soie indienne.

.

La nuit enveloppait la couche.
Il laissait échapper une psalmodie chuchotée,
Des mots, des râles étouffés.

Parfois,
Il s'avançait jusqu'à la demeure pétrifiée,
Envahie d'une végétation dense et mystérieuse.

Le sexe érigé et victorieux,
C'était dans un temps de lune montante,
Il entrait par effraction allant jusqu'à briser une vitre,
étendue
elle reposait

au centre d'un halo lumineux,
ses lieux de femme les plus secrets ouverts au  regard du visiteur
le désir s'écoulant en liqueur parfumée.
C'était une fontaine
De frissons, de pulsions,
De gestes ébauchés et brusquement interrompus,
Une chaleur étrange s'emparait d'ELLE.

Elle savait ce moment
et se laissait aller dans cette manipulation douce.
Les doigts de celui qu'elle appelait souvent, dans le sommeil et le rêve, 
les doigts,
magiques dans leurs parcours,
glissaient , légers, le long des jambes abandonnées,
arrondissaient le ventre parfait, disparaissaient dans la toison parfumée,
remontaient le long des lombes cambrées,
s'attardaient sur le visage,
et caressaient longuement le cou rejeté vers l'arrière,
encolure de biche étendue dans le feuillage pourrissant de la forêt.
Le maître parcourait son domaine.

*

à chacune de ses promenades,
nocturnes,
à la pleine lune
sous la pluie d'automne,
dans le froid et le vent,
parfois sous la neige
il pénétrait dans son atelier de sculpteur maintenant déserté.

*

 S'emparait d'un lien lumineux
étrange fine cordelette
et du front couronné
enveloppant la nuque, le col, les épaules,
soutenant les seins qu'elle portait en bijoux,
le torse le ventre,
et se perdait dans le bas en volutes lumineuses.

Chacun de ses mouvements déclenchait chez elle un frisson voluptueux,
elle gémissait et perdait conscience
dans une étreinte puissante qui la transformait pour l'éternité.

*

A l'aube
il la recouvrait d'une peau de loup abattu au moment des grandes chasses,
et sortait dans le froid et le brouillard.
S'enfonçait dans la forêt humide.
Un chasseur.
C'était un chasseur de bêtes sauvages.

lundi, août 16, 2010

Echo du texte de Erodojo

jeudi 12 août 2010


Thym






Certains s'en branlent de la Nature... D'autres : dans.

Que cette peau bronzée, zébrée de blanc e(s)t si belle.

Et les images au soleil, chauffées, deviennent réelles.

Les photographies ... exposées ... changes.

Fleurs pas nées que je cueille. ( extrait de Erodojo )
 
 
Le Branle
 
Se branler de la nature
Dans la nature
Se branler dans le thym
Agiter le corps tout en branlant la tête,
Le manche
Douce caresse des sphères du plaisir
Douche fraîche du torrent .
Le branle du cocher sur les rênes de cuir,
 
CUIR TRESSE DU FOUET
 
verge tenue fermement pour cingler le fessier
verge souple de bambou et de chair
veinée de bleu
                      le bleu de l'Ange
bleu d'un corps torturé
                                  abandonné
 
au froid des Abysses.
 
Comment peut on se branler de la nature?
Douillet réceptacle de nos sens en jouissance.


mardi, août 10, 2010

Eros et Thanatos. Texte de Rainer Maria Rilke








Il est étrange, sans doute, de ne plus habiter la terre ;
De ne plus suivre ses coutumes, qu’on vient d’apprendre à peine ;
Et de ne donner plus aux roses, à d’autres choses en promesse, la signification du devenir humain ; de n’être plus ce qu’on avait été dans l’angoisse infinie des mains, et puis d’abandonner jusqu’à son propre nom, tel un jouet brisé.
Etrange, de ne désirer plus les désirs. Etrange, de voir tout ce que des rapports tenaient liés ensemble, flottant si librement dans l’espace.
Etre mort est un état pénible et plein de recommencements, jusqu’à ce qu’on parvienne et qu’on pénètre un peu l’éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute de faire trop grande leur différences.
Les Anges (dit-on) souvent ne savent pas s’ils passent parmi des vivants ou des morts.
Le courant de l’éternité à travers les deux règnes entraîne tous les âges avec soi, toujours, et les confond chacun.



Ils n’ont donc plus besoin de nous, enfin, ceux qu’enleva la mort précoce ; doucement du terrestre on se déshabitue, ainsi que doucement on passe l’âge ou l’on a besoin du sein de la mère.
                                                                                                      Rainer Maria Rilke


Remerciements à feelonia pour l'apport musical.  C.C






jeudi, juillet 29, 2010

Les délires du Comte

A la nuit,

Dans l’immense parc du château, le comte,

Accompagné d’un valet,

Parfois d’une soubrette aux vêtements transparents,

Parcourait l’immense étendue d’herbes folles parsemée de chardons,

Saisissait les jeunes pousses de coquelicots

qu’il arrachait.

Ses mains devenaient sanglantes.

Il arpentait les lieux dans une marche impeccablement symétrique,

A chaque mètre en diagonale,

Il plongeait son regard dans l’intimité de l’accompagnateur,

Le regard, le sexe dressé ou la gorge opulente,

Ses mains en coupe laissaient rouler sur le sol

Une boule,

Parfaitement sphérique,

Translucide et lumineuse.

Il s’agenouillait

Léchait les pieds du valet ou de la soubrette.

Il grognait de plaisir.

Au petit matin, quand la lune se cachait et que les étoiles pâlissaient

Le trio repartait

Abandonnant le champ de boules lumineuses.

Le roucoulement des premières tourterelles s’élevait,

Les boules disparaissaient.

Le soleil levant faisait miroiter les perles de rosée.



























































© Les délires du Comte. Cazals Christian

lundi, juillet 26, 2010

Croukougnouche. Ecrits de nuit

Vêtement superflu
Corps offerts
Au souffle de la nuit,
Respirer
Enfin.
                                                                                                                           Agnès Balaÿ  


 Féelonia





Crédit photo: feelonia.blogspot.com








lundi, juillet 12, 2010

Le Chemin des douaniers.

Jan Saudek


 Il lui prit la main
Qu'il savait douce,
chaude aux heures d'angoisse,
et l'entraîna sur le chemin des douaniers escarpé à flanc de falaises.
Ses hanches balançaient.
Les seins suspendus en fruits éternels
dansaient au rythme du chant des vagues fracassées sur les rochers.
Les cris des goélands effrayés tendaient les tétons fragiles aux aréoles rosissantes,
Les embruns mouillaient en sperme aux senteurs maritimes
les caches secrètes du corps qu'il fit pénétrer avec infiniment de douceur dans l'anfractuosité de la roche.
Une couche de coquillages pulvérisés,
immense tache blanche dans le sombre de la grotte, accueillit l'étreinte passionnée,
le chant de gorge déployée
cogna les murs de pierre,
faisant du sanctuaire creusé par les flots et les vents une chambre d'écho,
jusqu'à la nuit tombée,
aux premières étoiles.

La lune est pleine.
Lumineuse et sereine. 

dimanche, juillet 04, 2010

Le Commencement. Chant d'Eros et de mort inspiré par Geoges Bataille.

La naissance d'Eros. Conscience de la mort.

L'érotisme, la mort et le "diable."

La simple activité sexuelle est différente de l'érotisme. C'est la vie animale, et seule la vie humaine présente une activité que définit peut-être un aspect "diabolique" auquel le nom d'érotisme convient.
Diabolique se rapporte au christianisme. Mais alors qu'il était loin, l'humanité la plus ancienne a connu l'érotisme.
Sur les murs des cavernes les premières images peintes de l'homme, ont le sexe dressé. Le diable en ces temps?...
Ceux qui, dans les images qu'ils laissèrent d'eux, peintes sur les murs des cavernes, se représentaient en état d'érection, ne différaient pas seulement des bêtes en raison du désir associé de cette manière à l'essence de leur être. 
Ce que nous savons d'eux nous permet de penser qu'ils savaient- ce qu'ignorent les animaux- qu'ils mourraient... La conduite sexuelle de l'homme relève d'une excitation intense, que n'interrompt aucun rythme saisonnier.


(L'homme à tête d'oiseau repose le sexe dressé devant le bison mur peint de la grotte de Lascaux.

lundi, juin 28, 2010

L'automobile

L' automobile.


Elle ferme les yeux.
Le bolide
à tombeau ouvert
et
la route née au sommet de la montagne légendaire.
Jeanne ferme les yeux.
Casqué de cuir,
Ganté
Il laisse aller sa main,
écarte le voile de soie
posé sur le sexe,
le ventre est souple qu'il masse avec lenteur.
Jeanne s'abandonne,
imperceptible
l'écartement des cuisses,
la tête projetée vers l'arrière
lèvres entrouvertes sur le clavier d'une dentition parfaite.
Le bolide
à tombeau ouvert,
une main suffit,
gantée,
sur la fissure turgescente
rousse en reflets,
palpitante.
fine soie noire
ébène glissé dans l'élargissement lent du sexe
caresse soyeuse
écoulement
suc odorant
avant le lapement au creux du sous-bois.


Véhicule au toit débâché
chant du feuillage agité par le vent
brise sur le téton découvert durci par le froid,
ma langue explore la rondeur du sein
les lèvres de l'amie s'entrouvrent
un chant léger anime les membres
et le visage,
des larmes de plaisir.
le pied cambré de la belle remonte
écarte le tissu encombrant du vêtement,
enveloppe
les hémisphères frissonnants,
rétractés
jusqu'au jouir d'une voix grave et modulée.

mardi, juin 22, 2010

La robe en corolle

La robe en corolle

                              et le souffle de la brise parfumée

touffeur d'une journée paresseuse la lune inonde le refuge secret d'une lumière pâle, qui sculpte l'étrange couche,
le totem de bois luisant et noir au centre du lieux de repos, le repos du guerrier,


un oiseau noir pénètre, se pose et replie ses ailes,
la tête sur le coté il observe les cuisses en mouvement
les hanches roulent sur le satin du drap,

les jambes s'enroulent, parcourent la taille du corps étendu et remontent très haut emprisonnant le cou,
la nuque, étouffant le grognement de celui plongé dans un premier sommeil.

Une longue étreinte, Vénus pâlira et la lune masquera pudiquement son regard.

                                                                                                                     Envol de l'oiseau de proie.

La fraîcheur du matin et les ombres des corps étendus. Un chant lointain dans la montagne désertique.

Peut-être une prière?




Texte écrit, grâce à l'impulsion donnée par un souvenir et aussi par quelques simples mots.                             


                      

dimanche, juin 20, 2010

La Route...celle de Khajuraho



Tout a commencé dans une petite chambrette, parfaite cellule monacale, murs lépreux et sol de carrelage brisé, odeur d'encens, de santal et d'urine desséchée. Un lumignon pend du plafond, ampoule électrique parsemée de chiures de mouches. Le lit au centre de la minuscule pièce est légèrement bancale, les draps sont gris, tout l'hôtel vibre de sons, de musique envoûtante et de rires ponctués de crachements sonores et colorés de bétel.
Mais c'est bien. Nous sommes dans la joie de la découverte de cette nouvelle vie qui nous transporte vers ce village plein de sensualité: Khajuraho.
Et la sensualité commence ici, dans ce lieu étroit, quelques mètres carrés, un lavabo, pas de douches et de toilettes "à la turque". Nos deux corps depuis Paris s'agitent, et maintenant ça craque, ça se rapproche, ça se frotte et sauvagement sur ce grabat, s'accouplent dans une joie certaine, de longs gémissements se mêlent aux chants et aux musiques du "hall room".
Le vieux portier nous a certifié que demain matin à cinq heures trente le clairon sonnera pour nous et que nous prendrons le bus de six heures.
Forts de cette promesse nous sombrons dans un sommeil réparateur.
Le réveil se fait. en catastrophe à 5h55A.M et sous une pluie battante nous galopons jusqu'au bus, nous nous écroulons dans de vieux sièges de moleskine, époque British reine Victoria, et le bus s'ébranle. Bien sûr les essuies glace sont morts et les amortisseurs se chargent de vous tenir en éveil.
Voyage de plusieurs heures, discussion avec le voisin au sujet des Temples dédiés à Shiva, il en profite pour nous parler de son petit commerce de bijoux, enfin dans un fracas épouvantable, le bus TATA stoppe sur la place ornée d'un magnifique lingam et dégueule son chargement de marchands ambulants,de femmes en Sari au port majestueux, de touristes interloqués et de bagages solidement cousus dans de la toile à sac.

samedi, juin 19, 2010

Poème interdit de Baudelaire


Lesbos




Mère des jeux latins et des voluptés grecques,

Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,

Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,

Font l’ornement des nuits et des jours glorieux

Mère des jeux latins et des voluptés grecques,



Lesbos, où les baisers sont comme les cascades

Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,

Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,

Orageux et secrets, fourmillants et profonds

Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !



Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent

Où jamais un soupir ne resta sans écho,

À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent

Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !

Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,



Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses

Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté !

Les filles aux yeux creux, de leurs corps amoureuses,

Caressent les fruits mûrs de leur nubilité ;

Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,



Laisse du vieux Platon se froncer l’oeil austère,

Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,

Reine du doux empire, aimable et noble terre

Et des raffinements toujours inépuisés.

Laisse du vieux Platon se froncer l’oeil austère.



Tu tires ton pardon de l’éternel martyre,

Infligé sans relâche aux coeurs ambitieux,

Qu’attire loin de nous le radieux sourire

Entrevu vaguement au bord des autres cieux !

Tu tires ton pardon de l’éternel martyre !



Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge

Et condamner ton front pâli dans les travaux,

Si ses balances d’or n’ont pesé le déluge

De larmes qu’à la mer ont versé tes ruisseaux ?

Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?



Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?

Vierges au coeur sublime, honneur de l’archipel,

Votre religion comme une autre est auguste,

Et l’amour se rira de l’Enfer et du Ciel !

Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?



Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre

Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,

Et je fus dès l’enfance admis au noir mystère

Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs ;

Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre.



Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,

Comme une sentinelle à l’oeil perçant et sûr,

Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,

Dont les formes au loin frissonnent dans l’azur ;

Et depuis lors je veille au sommet de Leucate



Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,

Et parmi les sanglots dont le roc retentit

Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,

Le cadavre adoré de Sapho, qui partit

Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !



De la mâle Sapho, l’amante et le poète,

Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !

- L’oeil d’azur est vaincu par l’oeil noir que tachette

Le cercle ténébreux tracé par les douleurs

De la mâle Sapho, l’amante et le poète !



- Plus belle que Vénus se dressant sur le monde

Et versant les trésors de sa sérénité

Et le rayonnement de sa jeunesse blonde

Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;

Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !

mardi, juin 15, 2010

La BayadèreLe cirque

La Bayadère.





Nuit de pleine lune

Les corps se découpent

pâleur nocturne,

la chevelure d’une compagne

voile argenté en mandorle

visage d’ange.

Le sommeil m’emporte dans le monde des songes.

La bayadère.

Danseuse sacrée du temple de Khajurao

Revient en artiste de cirque,

Sable encore illuminé

Piste labourée, retournée,

Le galop des chevaux roulement sourd derrière les portants.

Poursuite sur la jeune écuyère

Nue.

Elle chevauche en bayadère

Un musculeux palefrenier au membre d’étalon.

Ses hanches de noir gainées,

Bottée de cuir,

Le mouvement est lent, profond sur le pal de l’éphèbe.

Hymne d’Eros sous le chapiteau,

Elle se cambre

Se courbe

Sa chevelure rousse caresse la hampe luisante du sexe,

Bandé, palpitant,

Gorgé de jouissance.

Ses doigts se perdent dans la toison du torse,

Vibrent sur le visage

Griffent la nuque,

Le dos

Les lombes,

Les cuisses s’écartent, elle s’aventure dans le sillon secret,

Un râlement s’échappe,

L’index montre la source du plaisir,

Pénètre.

Il fait de même,

Sur les rondeurs féminines.

Il s’enfonce dans sa longueur pleine,

Il vibre et fouaille,

Des larmes s’échappent,

Les claquements s’intensifient,

De plus en plus rapides,

Violents,

Rougeurs cramoisies,

Enfin douceur du palper,

L’index aussi pénètre le volcan en éveil,

Immobiles,

Les deux s’étreignent,

Jouissent de concert.

Longue plainte gutturale.



Le chapiteau plonge dans le noir.

Dans sa cage une tigresse en rut appelle le mâle.

Je réponds.



Une boule au fond de la gorge.

Seul le silence.





mercredi, juin 09, 2010

Le Fruit défendu

 Le Fruit défendu.

Elle aime se suspendre
Fruit mûr fendillé
Laisser sourdre
Un suc
Que je lape, assoiffé par la chaleur vespérale.
Dans un mouvement circulaire elle laisse son pied
Masser le membre dressé.
Les branches basses s'agitent
Et le bruissement du feuillage
-incongru dans la chaleur de l'été-
Accompagne son chant de gorge en extase,
Rythme les soupirs
Les vibrations intenses.
Elle ruisselle.
Jusqu'à satiété
Ah! Jouir de ce fruit mûr.

Lombes.



Lombes


Mer.
Une voile
Deux
Trois
Le ressac. Écume.
Filaments onctueux
Épars rejetés par les flots.
Senteurs marines du sexe maritime.

Galet pierre polie massant l'entre-deux
Écume.

Une flèche dans la vague de sel
Tes fesses sous mes doigts.
Rayonnement,
Au creux de tes lombes
le soleil darde ses piques de lumière.
Le sable, couche réceptacle de nos corps enlacés, sexe et bouches mêlés, fluides
odorants, pensées pénétrantes,
le sable souillé tout autour de nous,
verre, plastique,
bleu de l'ordure.
Spasmes des coeurs.

Notre chant et celui de nos corps.

mercredi, juin 02, 2010

Chant du Matin.

 Chant du matin

Heure matinale. James vérifie la dureté de son sexe
trique légèrement courbée.
D'un doigt léger il parcourt la forme élégante de l'objet,
glisse du bout de l'index sur le gland soyeux,
apprécie le volume
la protubérance harmonieuse
éprouve la sensibilité du frein
les paumes en coupelle
épousent le volume des bourses.

Un léger frisson parcourt les jambes
le corps s'étire
se cambre et s'ouvre
ses bras s'agitent
la nuque se tend.
L'hast cramoisi des heures voluptueuses
se dresse.
Sexe en majesté.

James contemple le fourreau palpitant
tendu à l'extrême,
Statuaire antique émergée des cendres Pompéiennes,
pétrifiée de jouissance, de râle éternel.

jeudi, mai 20, 2010

Nue Etendue Christian CAZALS

Nue étendue

Elle jouit du lit de pierres volcaniques pulvérisées

Son doigt parcourt les courbes harmonieuses

Explore les hémisphères immaculés

Les profondeurs de laitance parfumée.

Ses membres se relâchent

S’ouvrent aux soupirs

Aux roucoulements des tourterelles.